Marie, dispensatrice des grâces

« Notre-Dame de Grâces » signifie que Marie est « comblée de grâce »  et peut donc devenir, à la Croix, médiatrice de toute grâce.  

Est-ce que je demande à Marie les grâces qu’elle veut me donner ?

« Notre Dame de Grâces » signifie que Marie est « comblée de grâce » et peut donc devenir, à la Croix, médiatrice de toute grâce. Saint Bernard sera le premier docteur de l’Église à l’affirmer clairement, d’où son apparition avec Marie. La statue en bois doré du chœur de l’église s’appelle d’ailleurs : Mater divinae graciae.

C’est aussi le sens du tableau, dit miraculeux, où Marie est représentée  « la lune sous les pieds ». Saint Bonaventure affirme en effet : « De même que la lune, placée entre le soleil et la terre, verse sur la terre ce qu’elle reçoit du soleil, ainsi la Vierge royale, placée entre Dieu et les hommes, reçoit les célestes influences de la grâce pour les répandre sur nous qui vivons ici-bas ».

Alors on comprend l’interpellation de Marie : « Venez recevoir les dons que je veux répandre » ! Avec largesse, tel le geste auguste du semeur…

Pour approfondir la question … quelques citations :

Léon XIII – encycl. « Octobri Mense » (22. 09. 1891)

« A l’Annonciation, on attendait le consentement de la Vierge à la place de la nature humaine toute entière, dixit st Thomas d’Aquin (IIIa q. 30, a.1), ce qui permet d’affirmer (…) qu’absolument rien de cet immense trésor de toute grâce apporté par le Seigneur – puisque la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ (Jn 1, 17), rien ne nous est distribué, de par la volonté de Dieu, sinon par Marie. Comme on ne peut arriver au Père que par le Fils, ainsi en quelque façon, on ne peut arriver au Christ que par sa Mère ». FC n°399

Pie X – encycl. « Ad Diem Illum » (2. 02. 1904)

« La conséquence de cette communion de douleur et de sentiments entre Marie et Jésus, c’est que Marie mérita largement de devenir réparatrice de l’humanité déchue et, partant, la dispensatrice de tous les trésors que Jésus nous a acquis (…) Il a été donné à cette auguste Vierge d’être auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du monde entier. La source est donc le Christ (…) Mais Marie, comme le remarque Saint Bernard, est l’aqueduc ou, si l’on veut, le cou qui relie le corps à la tête et transmet au corps la force et la puissance de la tête. « Elle est le cou de notre chef, grâce auquel sont communiqués à son corps mystique tous les dons spirituels » (Bernardin de Sienne) « Elle a mérité comme grâce dispositive elle est le ministre suprême de la dispensation des grâces ». FC n°405

Pie XII – encycl. « Ineffabilis  Deus » (8. 12. 1854)

« Dieu, dès le commencement et avant tous les siècles, choisit et prépare pour son Fils unique la Mère de laquelle, s’étant incarné, il naîtrait dans la bienheureuse plénitude des temps : il l’aima plus, elle seule, que l’universalité des créatures et d’un tel amour, qu’il mit en elle, d’une manière singulière, ses plus grandes complaisances. C’est pourquoi, puisant dans les trésors de sa divinité, il la comble si merveilleusement, bien plus que tous les esprits angéliques, bien plus que tous les saints, de l’abondance de tous les dons célestes, qu’elle fut toujours complètement exempte de tout péché, et que, toute belle et parfaite, elle apparut dans une plénitude d’innocence et de sainteté qu’on ne peut, hors celle de Dieu, en concevoir une plus grande, et que nulle autre pensée que celle de Dieu même, ne peut mesurer la grandeur » 

« Le canal de cristal très pur, et non la source, de cette grâce divine » 

St Jean-Paul II – encycl. « Redemptoris Mater » n°38, 94, 99

« Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus. (1 Tim 2, 5) 
La médiation de Marie est donc une médiation participée, une médiation dans le Christ. Marie, associée à l’œuvre de la Rédemption, est devenue pour nous, dans l’ordre de la grâce, notre Mère (Lumen Gentium VIII, §41). Elle possède un caractère spécifiquement maternel. Ce secours maternel aide les fidèles à s’attacher plus intimement au Christ Médiateur et Sauveur.
»

St Cyril d’Alexandrie (IVème  s.) s’adressant à la Mère de Dieu :

« Par vous tous les fidèles obtiennent le baptême, des Églises sont fondées dans le monde, les peuples sont amenés à a conversion… » P.G. 77, 992

St Bernard de Clairvaux (1090-1153)

 « Dieu ne veut pas nous accorder un seul bien qui ne passe par les mains de Marie » In Vigil. Nativ. Domini, sermo 3, n°10

« Ma très sainte Dame, Mère de Dieu, pleine de grâce, vous la commune gloire de notre nature, le canal de tous les biens, la reine de toutes choses après la Trinité…. La médiatrice du monde après le Médiateur, vous le pont qui relie la terre au Ciel, la clé qui nous ouvre les portes du paradis, notre avocate, notre médiatrice, voyez notre foi, voyez mes pieux désirs et souvenez-vous de votre miséricorde et de votre puissance. Mère de Celui qui seul est miséricordieux et bon, accueillez mon âme dans ma misère et, par votre médiation, rendez la digne d’être un jour à la droite de votre unique Fils » cité dans P. Regamy : Les plus beaux textes…

« Le filet d’eau céleste descend par un aqueduc qui instille la grâce goutte à goutte dans nos cœurs desséchés. L’aqueduc lui-même est plein, de sorte que tous s’alimentent à sa plénitude, sans la recevoir tout entière. » Sermo de Aquaeductu, n°3

« Par vous, nous avons accès auprès du Fils, ô Trésorière de la grâce et Mère de notre salut, afin que s’étant donné aux hommes par vous, par vous aussi il reçoit tous les hommes ». De adventus Domini, sermo 2, n°5

Commentaire :

Donc médiatrice « dans les deux sens » : pour que les hommes reçoivent d’en haut les grâces et pour qu’ils soient conduits par Marie vers Dieu.

1. Le filet d’eau, par Marie, instille goutte à goutte. Pourtant Jésus parle de « fleuves d’eau vive qui jaillissent » (Jn 4) de son Cœur ; oui mais Marie l’adapte à nous comme un filet d’eau, elle reçoit et redonne goutte à goutte, maternellement.

2. C’est une volonté de Dieu que tous ses biens passent par Marie pour qu’ils soient maternels, féminins et donc complètent la médiation du Christ

3. Par Marie nous avons accès auprès du Fils. Elle est un pont entre nous et Jésus. C’est elle qui nous qui nous introduit, nous présente et, comme trésorière de la grâce, nous donne selon nos besoins, avec sagesse.

St Albert le Grand, op, docteur de l’Église (13ème siècle)

« Marie est cette porte du Ciel d’où procède tout ce qui de grâce, créé ou incréé, est venu dans le monde et doit y venir ». Q. 197

St Bonaventure, fm, docteur de l’Église (13ème siècle)

« Dieu ayant daigné habiter dans le sein de cette bienheureuse Vierge, je ne crains pas d’affirmer qu’elle a dès lors acquis un certain droit sur toutes les grâces, puisque de ce sein très pur, comme d’un océan céleste, sont sortis, avec Jésus, tous les fleuves des dons divins ». Speculum B.M.V. cap III (Conrad de Saxe)

« De même que la lune, placée entre le soleil et la terre, verse sur la terre ce qu’elle reçoit du soleil, ainsi la Vierge royale, placée entre Dieu et les hommes, reçoit les céleste influences de la grâce pour les répandre sur nous qui vivons ici-bas » Spanner, sermo 1 de B.M.V.

St Bernardin de Sienne, fm (14ème siècle)

« A partir du jour où la Vierge Mère conçut le Verbe divin elle acquit comme un droit spécial sur toutes les processions temporelles du Saint Esprit, c’est-à-dire un droit sur tous les dons que l’Esprit-Saint communique aux hommes » Sermo 5 de Nativit. B.M. V cap VIII

« Tous les dons célestes, toutes les vertus et toutes les grâces sont dispensés par les mains de Marie et elle en fait part à qui elle veut, quand elle veut et comme elle veut ». Idem

« Elle est le cou de notre chef (le Christ), grâce auquel sont communiqués à son Corps Mystique tous les dons spirituels » Quadro. Evang. Aeer. Sermo 10, art 3, c 3