Témoignage

Déposer un témoignage

Merci Notre-Dame de Grâces

“Fille de militaire, je suis née à Toulon, où j’y ai grandi jusqu’à l’âge de 15 ans. Très tôt mes parents m’ont inscrite au scoutisme, où, une fois par an, un pèlerinage à Saint Joseph du Bessillon était organisé par le Groupe scout: le bus nous déposait le samedi à Barjols, puis nous marchions jusqu’au château de Pontevès avec nos sacs de bivouac, veillée au cœur des ruines, nuit d’adoration dans l’église où les unités se succédaient en fonction de leur âge; le lendemain nous marchions toute la journée à travers le Bessillon, baussant en tête de colonne jusqu’à arriver à Saint Joseph pour y entendre la messe. J’avais 7 ans lorsque je réalisais pour la première fois ce pèlerinage, et l’année suivante je prononçais ma Promesse de louvette au Sanctuaire de St Joseph. Ce n’est que bien plus tard, lors d’un pèlerinage des familles, que je découvrais qu’il y avait un autre sanctuaire à deux pas, le Sanctuaire de Notre Dame de Grâces. Ce sanctuaire m’a marquée, aussi bien par la place dont je disposais pour pouvoir courir partout sans trop gêner les pèlerins et le silence des lieux : c’est un Sanctuaire à faire en famille, et tous y sont acceptés tels qu’ils sont, même s’ils sont bruyants ou ne tiennent pas en place. Mais ce qui m’a le plus saisie c’est la statue de Notre-Dame de Grâces: son regard a touché mon âme à tel point que je voulais y passer la journée, y laisser mon cœur, et sans cesse je laissais mes jeux pour retourner la voir. Je devais avoir 12 ans.

Nous avions déjà déménagé de Toulon lorsque je pris connaissance du vœu de Louis XIII. J’ai alors fait la relation entre l’Histoire et ce Sanctuaire qui m’avait marquée.

A 20 ans je me mariais. J’étais également sous officier de la Marine, comme mon père. Mon époux était encore en études sur Besançon avec notre fille aînée et notre famille distendue par les kilomètres (j’étais affectée à Brest ou à Toulon) en pâtissait sévèrement. Dès que nos finances nous l’ont permis, je pris un congé parental et un an plus tard, je donnais naissance à notre deuxième fille. Seulement la fin du congé de notre deuxième approchait, nous avions le désir d’un troisième enfant, mon époux avait fini ses études et trouvé un travail, et je m’inquiétais à l’idée de retourner travailler en laissant ma famille en Franche-Comté: pour moi c’était ni plus ni moins qu’un abandon, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer. Nous n’arrivions pas à avoir de 3è enfant. C’est donc auprès de Marie que je suis venue chercher de l’aide. Me souvenant du voeu de Louis XIII, je fis à mon tour un voeu, celui de faire dire une messe d’action de grâces et de réaliser un ex voto que j’apporterais au Sanctuaire de Notre Dame de Grâces si Notre Dame me donnais un enfant. J’ajoutais que si l’enfant était un garçon (nous avions déjà deux filles qui se chamaillaient), je lui donnerai parmi ses prénoms celui de Dieudonné. Je fus exaucée et notre petit Renaud Marie Jérôme Dieudonné naquit le 25 Décembre 2011 au soir. J’ajouterais même que la Sainte Vierge s’assura du travail et de la naissance, “demandez et il vous sera donné par surcroît”.

La messe fut dite sur Besançon, mais l’ex-voto prit du temps. Trop. Je me souviens avoir été bloquée sur une technique de dessin et l’avoir remisé “en attendant de m’améliorer”, mais il faut également dire que j’étais dépitée et découragée, ne sachant comment faire pour financer un aller-retour sur Cotignac depuis Besançon.

Cette année 2021 fut très éprouvante pour notre famille et j’ai eu la conviction que je devais me rendre en famille à Notre-Dame de Grâces. Des amis nous ont arrangé un séjour à l’abbaye de Triors (pareil, on ne peut y voir que l’action de la Divine Providence), alors j’ai convaincu mon époux de pousser jusqu’à Cotignac une journée. Nous avons réalisé mon vœu et en y déposant l’ex-voto fini -la veille-, j’ai fait découvrir ces Sanctuaires (Notre-Dame de Grâces/Saint Joseph du Bessillon) qui ont façonné mon enfance à ma famille résolument franc-comtoise, et je les ai entraînés en pèlerinage à travers le chemin de Saint Joseph, pluvieux pour une fois! (des pluies de Grâces très certainement, car elle mouillait très fort à transpercer nos habits, cette pluie voulait vraisemblablement atteindre nos âmes -technique pour que les enfants ne se plaignent pas de la pluie qui tombe- !)

Détails de l’ex-voto de gauche à droite :

– l’ange tenant une bannière au chef de sable à 3 roses d’argent, d’azur au lion de gueules couronné d’or, armé de sable: ce sont les anciennes armes de la famille de mon époux.

– les deux anges en hauteur de la frise soutiennent les armes de Besançon, capitale de la Franche-Comté.

– le dessin en bas représente la crèche puisque notre Renaud est né à Noël. Au loin, au centre nous voyons la citadelle Vauban de Besançon, la porte noire (arc de triomphe romain de Besançon) accolée à la cathédrale Saint Jean. C’est donc Besançon qui y est représenté, comme il était d’usage de faire figurer les armoiries et les châteaux des commanditaires dans le temps. Sur la gauche, nous voyons la caravane des rois mages qui approche. Au premier plan sur la droite, se tiennent un couple, mon époux en cotte rouge tenant un agneau représentant Renaud et moi-même en cotte bleue. Nous venons l’offrir aux pieds de l’Enfant Jésus. Quelqu’un nous y a déjà précédé, à genoux, voyez par là tous ceux qui nous ont précédés en actions de grâces.

Merci aux Pères du Sanctuaire de Notre-Dame de Grâces de m’avoir reçue toute mouillée avec mon ex-voto sous le bras, sans avoir prévenu qui que ce soit de mon arrivée, d’avoir aussi bien réagi face à cette visite impromptue et atypique.

Émilie